Pourquoi Investir en Inde : L’Importance des Critères ESG

2 octobre 2024 | Mike Sell

Investir dans l’économie en plein essor de l’Inde offre une occasion prometteuse de réaliser des rendements substantiels, mais cela s’accompagne également de défis spécifiques. En tant que pays le plus peuplé au monde et l’un des marchés à la croissance la plus rapide, avec plus de 4 400 entreprises cotées, l’Inde attire une attention croissante sur la scène mondiale des investissements. Les flux de capitaux affluent dans le pays, tant de la part d’institutions que d’investisseurs particuliers. Certains renforcent leur exposition existante, d’autres effectuent une première allocation dédiée, tandis que d’autres encore diversifient ou transfèrent totalement leurs investissements de la Chine vers l’Inde.

L’histoire de la croissance économique indienne est particulièrement convaincante. Avec une population de plus de 1,4 milliard d’habitants, une classe moyenne en pleine expansion et des réformes économiques ambitieuses, l’Inde est bien placée pour connaître une croissance significative, favorisant ainsi l’essor de son économie intérieure. Près de 40 % de la population indienne se situe dans la tranche d’âge des 18 à 35 ans (le pourcentage le plus élevé au monde en ce qui concerne la génération Z et les Milléniaux), ce qui stimule les marchés de consommation et constitue le principal moteur de la croissance, indépendamment des événements qui se déroulent aux États-Unis ou ailleurs.

Les infrastructures de l’Inde se modernisent rapidement pour répondre aux besoins de croissance sur plusieurs décennies, avec des projets tels que le métro de Mumbai, les trains à grande vitesse, le réseau d’autoroutes reliant les grandes villes et l’adoption massive des paiements en ligne. Il est manifeste que l’Inde s’engage dans une modernisation à un rythme effréné.

Le pays est devenu un centre mondial de la technologie, de la fabrication et des services, avec de grandes entreprises qui délocalisent leurs opérations en Inde. « Apple ambitionne de transférer la moitié de sa chaîne d’approvisionnement de la Chine vers l’Inde, où un quart des iPhones mondiaux seront fabriqués » (Wall Street Journal). « L’accord de Boeing avec Air India est le plus important de l’histoire de l’aviation civile » (CNBC). « Amazon investira 12,9 milliards de dollars en Inde d’ici 2030 pour construire de nouveaux centres de données » (Nikkei Asia). Et la liste continue…

L’Inde présente une faible corrélation avec les principaux marchés mondiaux – comme le rapporte Bloomberg : 0,27 par rapport au NASDAQ, 0,43 par rapport à l’indice MSCI World, 0,49 par rapport au FTSE et 0,33 par rapport au S&P 500. Ce marché offre donc des opportunités intéressantes pour les stock-pickers, avec un potentiel d’alpha particulièrement important dans les petites entreprises hors indices. Nombreuses sont les entreprises de qualité, encore sous-évaluées, qui offrent des perspectives de croissance considérables par rapport aux entreprises déjà reconnues et ayant atteint leur apogée. Les indices étant rétrospectifs, ils reflètent des succès passés et négligent souvent les petites entreprises, lesquelles ont surperformé les plus grandes au cours de la dernière décennie grâce à leur agilité et leur capacité à s’adapter rapidement à l’évolution des conditions de marché.

Cependant, investir en Inde n’est pas exempt de risques. Des défis tels que la complexité réglementaire, l’instabilité politique, la dégradation de l’environnement et les inégalités sociales représentent des risques considérables. Naviguer dans ce marché complexe exige bien plus qu’une simple analyse financière : il est crucial de comprendre les facteurs Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) qui influencent les rendements d’investissement. La capacité à identifier ces facteurs et à évaluer leur impact sur l’avenir d’une entreprise est primordiale pour atténuer les risques et maximiser les rendements.

Intégration des critères ESG

L’analyse ESG ne doit pas être perçue comme une simple option ou une réflexion secondaire. Elle doit être intégrée à chaque étape du processus d’investissement afin de mieux comprendre le potentiel de rentabilité financière à long terme d’une entreprise, les moteurs de sa croissance structurelle et son impact global sur la société. Cela peut se faire à travers plusieurs approches :

1) Filtrage négatif : Exclure les entreprises ou secteurs ne répondant pas à certains critères ESG. Par exemple, éviter d’investir dans des entreprises ayant un mauvais bilan environnemental, des pratiques de travail peu éthiques ou dont les revenus proviennent d’activités ne générant aucun bénéfice pour la société ou l’environnement.

2) Filtrage positif : Rechercher activement des entreprises qui contribuent de manière significative aux pratiques durables, au progrès social et à une gouvernance éthique. Cela inclut l’investissement dans des entreprises qui font preuve de gestion environnementale, de responsabilité sociale et de pratiques de gouvernance solides.

3) Évaluation qualitative : Chaque entreprise est unique, et les évaluations externes de durabilité peuvent parfois manquer de profondeur. Des rencontres avec les dirigeants d’entreprises pour discuter de leur approche en matière d’environnement, de gestion des salariés et d’actionnariat minoritaire peuvent fournir des informations précieuses pour identifier les leaders dans ces domaines.

4) Engagement : Encourager les entreprises à adopter de meilleures pratiques ESG. Les investisseurs peuvent utiliser leur influence pour promouvoir des améliorations dans les comportements et les politiques des entreprises. Cela est particulièrement pertinent dans un marché comme celui de l’Inde, où l’investissement ESG en est encore à ses prémices.

Il est également essentiel d’identifier des indicateurs clés de performance qui pourront être suivis en continu, afin de mesurer les progrès des entreprises et de quantifier leurs engagements et objectifs. Ces indicateurs représentent des normes générales de transparence et des critères ESG que les entreprises sont tenues de respecter au fil du temps.

En accordant la priorité aux facteurs ESG, en complément de l’analyse financière traditionnelle, les investisseurs peuvent se concentrer sur les opportunités à venir plutôt que sur les succès passés, et ainsi identifier des opportunités inédites avant qu’elles ne deviennent courantes sur le marché.

Conclusion

Alors que l’Inde poursuit sa trajectoire de croissance économique et de réformes structurelles, l’intégration des principes ESG dans les stratégies d’investissement constitue non seulement un impératif moral, mais également une voie privilégiée pour générer de la valeur à long terme et assurer la prospérité de toutes les parties prenantes. À mesure que les exigences réglementaires mondiales deviennent plus harmonisées et imposées à travers les plateformes d’investissement, s’associer à des professionnels expérimentés en investissement est essentiel pour atteindre ses objectifs.

Adopter une approche durable ne se résume pas à faire le bien – c’est également saisir des opportunités de croissance, de résilience et de prospérité durable dans le paysage dynamique de l’Inde.


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Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Auteur

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Mike Sell

Head of Global Emerging Market Equities / Head of ESG
Alquity

Head of Global Emerging Market Equities. Mike joined Alquity in 2014. Mike has 25+ years of relevant industry experience. He holds a First Class BSc in Economics from Southampton University and was awarded the Pearce Rowan prize. He joined Baring Asset Management as a graduate trainee in 1994, where he became a member of the Emerging Market Asset Allocation Committee. Mike then joined Thames River/Nevsky Capital where he was subsequently appointed a partner and was part of the team that grew the Emerging market equity assets from approximately US$150m to US$3.5bn, before moving to F&C with the long only Emerging Market business in 2011.