L’année 2020 est différente. D’année en année, l’investissement responsable (IR) a pris de l’ampleur, mais 2020 semble être un point de basculement. On a l’impression que la notion de « point de basculement » a été utilisée à maintes reprises pour décrire l’état du marché, mais 2020 se distingue des autres années. La pandémie de la COVID-19 a dévasté la société et l’économie telles que nous les connaissons, créant la « tempête parfaite » des facteurs environnementaux, sociaux et gouvernance. Ce qui a accéléré la nécessité et l’importance pour les investisseurs de passer à l’action.
Dans la perspective d’une reprise économique, nous devons non seulement réfléchir à la manière de reconstruire, mais aussi à la manière de MIEUX reconstruire.
Règles de résilience
La pandémie de la COVID‑19 a offert au monde entier l’occasion de prendre une pause et aux investisseurs de réfléchir à la voie à suivre pour RI. Sans aucun doute, les enjeux ont changé au cours des six derniers mois. Le terme « résilience » vient à l’esprit pour décrire ce que les investisseurs doivent rechercher lorsqu’ils évaluent les facteurs environnementaux, sociaux et gouvernance associés aux sociétés bénéficiant d’investissements. La capacité à se redresser rapidement après des difficultés et la capacité d’adaptation conviennent parfaitement à la situation actuelle.
Par le passé, l’étude des facteurs environnementaux, sociaux et gouvernance (en particulier les facteurs environnementaux) était axée sur la conformité et l’efficacité. Bien que ces concepts soient importants en soi, on a maintenant le sentiment qu’il ne suffit pas que les sociétés réduisent leurs coûts en maximisant l’efficacité ou qu’elles opèrent simplement dans les limites de leur licence légale d’exploitation. En fait, l’idée de « reconstruire en mieux » entraînera un changement de mentalité en faveur de la résilience et de la raison d’être. Prenons l’exemple de l’industrie pétrolière et gazière.
Les effets que les sociétés de ce secteur subissent et continueront à subir ne font guère de doute. La croissance des technologies des énergies renouvelables reste forte, ce qui entraîne une baisse des prix. De plus, la pandémie a très probablement eu un impact permanent sur la demande de combustibles fossiles, ce qui signifie que nous pourrions avoir vu la demande de combustibles fossiles atteindre un pic et disparaître en 2019.[1] En conséquence, les sociétés pétrolières et gazières doivent faire face à une nouvelle dynamique de l’offre et de la demande. Ajoutez à cela un engagement du gouvernement canadien à légiférer sur les émissions nettes zéro d’ici 2050 et à fixer des objectifs d’émissions plus ambitieux pour 2030 (avec une touche de réglementation plus stricte bien sûr), et vous obtenez un scénario dans lequel le secteur pétrolier et gazier doit se renforcer.[2] La bonne nouvelle est que cela se produit déjà. Toutefois, si certains des plus grands acteurs ont réalisé des progrès significatifs dans l’amélioration de leur efficacité, ils se concentrent désormais sur leur positionnement à l’avant-garde de la transition vers une économie à faible intensité de carbone, notamment par des objectifs ambitieux de réduction de la production pétrolière et gazière, et par une restructuration organisationnelle majeure – un passage clair de l’efficacité à la résilience.[3]
Si l’on poursuit dans cette voie, les questions les plus importantes auxquelles nous sommes en présence aujourd’hui, notamment la crise climatique, le racisme systémique et le processus de relance économique COVID-19, exigeront non seulement que les sociétés deviennent plus résistantes, mais aussi qu’elles opèrent de manière à avoir un impact positif sur l’environnement et la société. Pour les investisseurs, il sera impératif d’investir dans des sociétés qui sont du bon côté et non du mauvais côté du changement. Ces sociétés sont non seulement résistantes, mais elles seront également bien placées pour répondre aux nouvelles attentes et préférences des consommateurs. En agissant ainsi, les investisseurs peuvent réaliser l’objectif populaire de « bien faire, en faisant le bien ».
L’importance de l’investissement responsable – le « nouveau » concept?
Le changement, par définition, est difficile. Comme souligné dans un récent rapport publié par la Fondation Future Fit, notre économie n’est pas actuellement construite pour s’adapter au concept de « raison d’être ».[4] Une citation de l’écologiste Paul Hawken en est peut-être la meilleure illustration :
« Nous avons une économie où nous dérobons l’avenir, le vendons dans le présent et l’appelons PIB ».
– Paul Hawken
D’où la nécessité de l’investissement responsable. En tant qu’investisseurs, nous avons la possibilité d’allouer des capitaux aux entreprises qui font preuve de résilience et de détermination, qui sont en mesure de bien faire tout en faisant le bien, obtenant de bons rendements financiers tout en ayant un impact positif sur l’environnement et la société. Investir en tenant compte de l’impact sera un concept clé pour garantir que l’environnement, la société, les entreprises et notre économie prospèrent. Bien que l’investissement responsable ne soit pas sans difficulté pour définir et mesurer l’impact, ce n’est pas une raison pour l’éviter. Heureusement, les objectifs de développement durable des Nations unies (ODD ONU) fournissent un cadre holistique qui peut être utilisé par les sociétés et les investisseurs pour orienter leurs activités vers des domaines qui répondent aux défis systémiques mondiaux, notamment le changement climatique, l’inégalité et la pauvreté. Ces objectifs sont plus importants que jamais.
En tant que gestionnaire d’actifs, nous avons beaucoup réfléchi à l’investissement responsable et aux ODD, ce qui a conduit au développement et au lancement du FNB Indice MSCI Monde Incidence ESG CI First Asset et le Fonds Indice MSCI Monde Incidence ESG CI l’année dernière. Investir dans des sociétés qui contribuent à l’obtention de résultats environnementaux et sociaux positifs est de plus en plus courant pour les investisseurs qui intègrent des facteurs environnementaux, sociaux et gouvernance dans leur processus de décision d’investissement. Cette tendance va probablement se poursuivre (et s’accélérer) alors que nous entrons dans un processus de relance come suite à la pandémie COVID-19 et que nous continuons à ressentir les effets de problèmes systémiques comme le racisme et le changement climatique. La transformation de l’IR en un simple « investissement » a été un sujet de débat au cours des dernières années. Alors que l’actualité suscite un changement dans la manière dont les investisseurs pensent et abordent l’IR, l’année 2020 pourrait être considérée comme une année où nous faisons une avancée dans l’évolution de l’IR. Bien que l’investissement responsable ne soit certainement pas un concept nouveau, il est maintenant positionné comme étant le concept « populaire » et le nouvel IR.
Sources:
[1] https://carbontracker.org/peak-fossil-fuels-new-grounds-for-hope/
[2] https://www.canada.ca/en/privy-council/campaigns/speech-throne/2020/stronger-resilient-canada.html
[3] https://www.responsible-investor.com/articles/what-can-investors-learn-from-the-covid-19-pandemic
[4] https://futurefitbusiness.org/wp-content/uploads/2020/07/Future-Fit-Business-Beyond-COVID-19.pdf