Explorer les marchés émergents : 15 ans d’idées d’investissement

4 avril 2025 | Patrick Hergt

Au cours des 15 dernières années, Sarona Asset Management a affronté les complexités de l’investissement dans les marchés émergents, en affinant continuellement son approche pour équilibrer les rendements financiers et l’impact. Cette expérience a permis d’acquérir des connaissances précieuses sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, ainsi que sur les réalités de l’investissement responsable qui sont souvent négligées. Cet article présente les principaux enseignements tirés de l’expérience, en mettant l’accent sur les mesures à prendre par les investisseurs désireux de réussir sur ces marchés dynamiques.

1. Le défi des nouveaux gestionnaires de fonds

L’un des principaux enseignements est la difficulté de travailler avec des gestionnaires de fonds qui n’en sont qu’à leur première expérience. Si ces gestionnaires apportent souvent des idées novatrices et une connaissance approfondie du terrain, ils présentent également des risques d’exécution plus élevés en raison de leur expérience limitée et de leurs faiblesses institutionnelles. Nous atténuons ces risques en mettant l’accent sur une diligence raisonnable rigoureuse, un soutien à la gouvernance et un engagement concret. Les investisseurs doivent être prêts à fournir des conseils stratégiques et à faciliter l’apprentissage par les pairs afin de renforcer les capacités de leurs partenaires.

2. Éviter les pièges des stratégies d’investissement mixtes

Une erreur fréquente dans l’investissement dans les marchés émergents consiste à mélanger plusieurs stratégies d’investissement sans les aligner avec précision. Nous avons vu des cas où des fonds tentaient de combiner le capital-risque avec le capital-investissement à un stade ultérieur ou de combiner le capital axé sur l’impact avec des mandats purement financiers, ce qui a conduit à des incitations contradictoires et à des résultats sous-optimaux. Pour réussir sur ces marchés, il faut une discipline stratégique, c’est-à-dire s’assurer que les thèses d’investissement sont bien définies, que les capacités d’exécution correspondent à la stratégie et qu’il existe un alignement entre les investisseurs et les bénéficiaires des investissements.

3. Le rôle essentiel de la gestion du risque de change

Les fluctuations monétaires restent l’un des défis les plus persistants pour les marchés émergents. Au fil des ans, nous avons constaté qu’une mauvaise gestion des risques de change pouvait éroder les rendements, même dans le cas d’opportunités d’investissement à forte croissance. Bien qu’il existe des instruments de couverture, ils sont souvent coûteux ou indisponibles dans les économies frontalières. Notre approche a donné la priorité aux entreprises bénéficiant d’une couverture naturelle, c’est-à-dire celles qui génèrent des revenus en devises fortes ou qui disposent de solides chaînes d’approvisionnement locales. Les investisseurs doivent tenir compte du risque de change dans leur prise de décision et envisager de structurer leurs investissements pour atténuer l’exposition.

4. Les réalités d’une sortie réussie

La sortie des investissements dans les marchés émergents est rarement aussi simple que dans les économies développées. Les contraintes de liquidité, les obstacles réglementaires et l’instabilité politique peuvent tous avoir un impact sur le calendrier de sortie et les valorisations. Il est important de planifier très tôt les stratégies de sortie – en identifiant plusieurs acheteurs potentiels, en suscitant l’intérêt du marché secondaire et en veillant à ce que les entreprises soient construites dans une optique de création de valeur durable et à long terme. Un plan de sortie bien pensé est tout aussi crucial que la thèse d’investissement initiale.

5. Investir dans les marchés émergents n’est pas aussi risqué qu’on le croie

Une idée fausse très répandue est que l’investissement dans les marchés émergents est intrinsèquement délicat et risqué. Cependant, ces marchés peuvent offrir des rendements élevés et des opportunités significatives avec les bons partenaires locaux, un contrôle préalable approfondi et une approche disciplinée. Notre expérience a montré que les connaissances et les partenariats locaux sont essentiels pour atténuer les risques et dégager de la valeur. Plutôt que de considérer les marchés émergents comme trop complexes, les investisseurs devraient reconnaître les opportunités offertes par une stratégie et une exécution adéquates.

6. Transformer les revers en opportunités

Aucune stratégie d’investissement n’est exempte de défis, et les marchés émergents présentent des risques accrus, qu’il s’agisse de ralentissements économiques ou de changements géopolitiques. Cependant, les revers ont souvent été l’occasion de tirer les leçons les plus importantes. Par exemple, face à la sous-performance de certains fonds en portefeuille, nous avons tiré parti de ces expériences pour affiner nos critères de sélection et renforcer le suivi des portefeuilles. La clé est la résilience — l’adaptabilité et la volonté d’itérer sur la base des résultats obtenus dans le monde réel.

7. L’évolution de la mesure de l’impact

Il y a 15 ans, la mesure de l’impact était essentiellement qualitative. Aujourd’hui, les investisseurs exigent des mesures rigoureuses, fondées sur des données, pour évaluer les performances financières et sociales. Nous avons fait évoluer notre approche en intégrant des mesures ESG et d’impact dans notre processus décisionnel en matière d’investissement, en utilisant des cadres qui concilient responsabilité et praticité. L’avenir de l’investissement responsable réside dans la recherche d’un juste équilibre entre la complexité des mesures et les informations exploitables.

Les yeux tournés vers l’avenir

À l’aube de la prochaine décennie, les leçons tirées de notre parcours continueront d’inspirer notre approche. Les principales priorités sont l’approfondissement de la résilience climatique, le soutien aux gestionnaires de fonds dotés d’un sens aigu des finances et d’un impact social, et l’exploitation de la technologie pour améliorer l’efficacité des investissements. Les marchés émergents restent parmi les paysages les plus prometteurs, mais aussi les plus difficiles pour les investisseurs, et le succès à long terme exige à la fois de la sagesse et de l’action.


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Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Auteur

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Patrick Hergt

Associé, responsable du développement des affaires
Sarona Asset Management

Patrick dirige les efforts de développement commercial de Sarona, y compris les relations avec les investisseurs, le marketing et la collecte de fonds. Au cours des douze dernières années, Patrick a servi de nombreux aspects de l’entreprise, notamment en tant que directeur de notre pratique en matière de capital-investissement. Il s’est engagé dans la communauté de l’investissement d’impact depuis qu’il a rejoint la société et a représenté Sarona au niveau communautaire et mondial, que ce soit lors de conférences et de mentorat dans des universités locales ou de rencontres avec des chefs d’État aux Nations unies. Aujourd’hui, il est vice-président du conseil d’administration du Canada Forum for Impact Investment and Development. Patrick a commencé sa carrière dans le domaine du capital-investissement en tant qu’analyste chez Munich Private Equity Partners. Il est titulaire d’une licence en administration des affaires de l’université Brock et d’une licence en gestion générale de l’université EBS. Il est également titulaire du titre de CFA®.