Dans un contexte où les investisseurs sont de plus en plus nombreux à prêter attention aux retombées de leurs investissements, les médias examinent de plus en plus attentivement les déclarations des entreprises en matière d’ESG. Malheureusement, quelques scandales notables ont fait la une des journaux ces dernières années, ce qui a suscité la méfiance et l’inquiétude des investisseurs quant à l’exactitude des déclarations environnementales, sociales ou de gouvernance (ESG).
L’Association pour l’Investissement Responsable a constaté que la méfiance concernant l’écoblanchiment est le principal obstacle à la croissance de l’investissement responsable (IR). Il est donc essentiel que les acteurs de l’industrie prennent des mesures pour être aussi clairs et précis que possible dans leurs déclarations ESG. Mais comment pouvons-nous bâtir la confiance ?
Bâtir la confiance
Les autorités réglementaires du monde entier tentent d’apaiser les inquiétudes liées à l’écoblanchiment et de superviser les allégations liées à l’ESG.
L’Administration canadienne des valeurs mobilières (ACVM) a publié début 2022 un avis du personnel décrivant ses attentes en matière d’information ESG pour les fonds d’investissement. Ces attentes portent notamment sur le traitement des approches ESG d’un fonds dans les communications publicitaires.
Tandis que les régulateurs répondent à l’enjeu de l’écoblanchiment d’un point de vue réglementaire, les acteurs de l’industrie et les gestionnaires de fonds ont un rôle important à jouer. Ils peuvent être des acteurs de premier plan dans le maintien de la confiance du public à l’égard des déclarations ESG et faciliter une communication claire.
Il est important de mentionner que dans la plupart des cas, l’écoblanchiment n’est pas intentionnel. Des informations se perdent entre les équipes d’investissement et les équipes de communication ou de marketing. Il peut également y avoir un manque de formation sur les communications ESG, qui nécessitent un degré de spécificité plus élevé pour éviter les erreurs de communication.
Pour garantir l’authenticité et éviter les risques, il est essentiel de s’adresser aux personnes impliquées dans la promotion de l’investissement responsable en les sensibilisant aux préoccupations du public en matière d’écoblanchiment. Alors que les formations à l’IR destinées aux professionnels du secteur, et en particulier aux conseillers, se multiplient, il est crucial de ne pas oublier les professionnels de la communication et du marketing, ainsi que toute personne faisant des déclarations publiques dans le cadre de la promotion de l’IR. La sensibilisation au risque de perception d’écoblanchiment et la connaissance de l’IR doivent être intégrées dans l’ensemble du secteur d’activité afin de garantir la cohérence et l’exactitude des communications ESG.
Un guide de communication en investissement responsable
Pour combler cette lacune, Desjardins a élaboré un guide à l’intention des équipes non spécialisées sur les choses à faire et à éviter en matière de communication sur les questions ESG. Les recommandations comprennent les conseils suivants à l’intention des communicants :
1. Poser des questions
Lorsque vous créez des communications sur l’IR, mettez-vous à la place de l’investisseur qui pourrait avoir des doutes sur les affirmations. Les affirmations peuvent-elles être justifiées ? Sont-elles fidèles aux politiques actuelles ? Les affirmations peuvent-elle être interprétées comme trompeuses ?
2. Gérer les attentes
Bien que nous soyons souvent fiers des résultats obtenus par nos produits en investissement responsable, nous devons éviter de «sur-vendre» ce qu’ils réalisent réellement. L’exagération suscite la méfiance. En cas de doute, limitez les affirmations aux informations que vous pouvez vérifier.
3. Utiliser un langage simple et compréhensible
Les investisseurs individuels comptent sur nous, en tant qu’experts de l’investissement responsable, pour leur fournir les informations dont ils ont besoin pour prendre des décisions éclairées. Il se peut qu’ils ne disposent pas d’un langage spécialisé ou qu’ils ne connaissent pas toute la terminologie que nous connaissons, c’est pourquoi un langage simple et compréhensible permettra de s’assurer que le message n’est pas mal interprété ou trompeur.
Vérifier
Dans la mesure du possible, citez les sources. Par exemple, pour les données climatiques, il est important de mentionner la source car il existe différentes méthodologies pour calculer ces données. Les investisseurs disposent ainsi de la transparence et des outils nécessaires pour vérifier les informations et éviter toute confusion.
Être cohérent
Dans le cadre de notre engagement en faveur des progrès et des meilleures pratiques du secteur, nous insistons sur la manière de décrire les retombées en investissement responsable. Cette formation comprend notamment les lignes directrices suivantes :
– Documenter les retombées lorsqu’elles peuvent être étayées par des preuves
– Éviter d’attribuer les retombées aux investisseurs individuels.
– Utiliser le terme « impact » conformément aux meilleures pratiques méthodologiques du secteur.
Les commentaires reçus à la suite de ces recommandations confirment la nécessité de doter les équipes d’outils de communication sur les questions ESG. Nous continuons à former les employés à travers l’organisation, y compris nos agences de publicité partenaires, afin de mieux les équiper pour prévenir les situations de perception d’écoblanchiment. Des échanges réguliers permettront de se tenir au courant des meilleures pratiques et des nouveaux risques ou développements.
En gérant les communications liées à l’ESG de manière proactive et innovante, en ciblant les équipes qui ne sont généralement pas impliquées dans la formation à l’IR, les institutions financières peuvent s’assurer que les investisseurs ont la confiance nécessaire pour choisir de participer à l’IR. Ceci est essentiel pour la poursuite de la croissance d’une industrie dont le potentiel de retombées positives pour la planète et la société est important.